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se voyant si près des siens, oublia la menace du Parigot ou espéra pouvoir s’y soustraire. D’un brusque à-coup il arracha sa chaîne des mains de son geôlier et, se croyant affranchi, cria :

« À l’aide ! Ce sont les amis des barbares ! »

Mais le dernier mot s’acheva dans un hoquet sanglant. Le revolver du Parisien avait aboyé, et le bandit s’abattait, le crâne fracassé.

Au coup de feu, une ruée se précipita sur Troussequin. À cinq reprises, son arme abattit un adversaire. Ses hommes, d’abord surpris, vinrent à la rescousse et le dégagèrent. Intimidés, impuissants à reconnaître les leurs dans cette mêlée avec des hommes de même race et de mêmes vêtements, les pirates hésitèrent. Le Parigot profita de ce répit pour rallier les siens et battre en retraite… Mais, hélas ! le fruit de son expédition était perdu ; il ne fallait plus songer à retrouver les bêtes, dispersées durant la bagarre.

Les Pavillons-Noirs n’osèrent poursuivre leurs ennemis si près des postes français, auxquels les détonations avaient certainement donné l’alarme. Troussequin se retirait donc indemne de l’aventure, mais navré d’en avoir perdu le bénéfice, quand sur ses pas surgit un des porcs égarés. Il l’empoigna au passage et, malgré ses cris, l’emporta sous son bras. La petite taille de l’espèce tonkinoise lui permettait cet exploit sans qu’il eût le droit de se comparer à Hercule. Il rentra ainsi dans les lignes