n’eût donc donné que des résultats insignifiants. Où dénicher alors les vivres nécessaires à la garnison ? Le chef capturé aurait peut-être pu donner des indications précieuses ; mais il se renfermait dans un mutisme farouche, attendant la mort avec un mépris superbe. Il savait que, par les siens, il serait bientôt vengé.
Sauzède n’avait pas ordonné l’exécution immédiate du pirate, précisément dans l’espoir d’en tirer quelques aveux précieux ; mais, las de se heurter au silence de cet homme, il allait commander de lui trancher la tête et de la planter en exemple sur le parapet, face aux positions occupées par les Pavillons-Noirs, quand Troussequin lui demanda de surseoir encore. Il avait enfin son idée.
Il s’était soudain souvenu du regard de concupiscence qu’avait eu le pirate, lors de leur rencontre, sur la pipe de bambou noir à bouquin de jade que fumait Laï-Tou dans sa litière. Le prisonnier devait être un friand de la fameuse drogue, et par elle il parviendrait sans doute à le séduire.
Troussequin avait eu la sage précaution de ne livrer à Laï-Tou qu’une partie de la provision d’opium trouvée dans la villa mandarine. Il en possédait encore deux pots intacts et, à la mine navrée de Laï-Tou, avait deviné que le vieux Chinois avait fini de consommer son viatique. Il alla donc le trouver et lui réclama la fameuse pipe de bambou noir en échange d’un de ses pots d’opium. Le vieux ne se sépara pas sans soupir de cet incomparable