Dans la ville, la garnison, anxieuse, attendait.
Minuit passa, puis une heure. Soudain une violente fusillade s’engagea dans la nuit… De lointains ronflements de moteurs s’éveillèrent, et soudain de hautes flammes jaillirent surmontées d’une fumée épaisse. Des fracas d’explosions retentirent. Alors le crépitement de la fusillade décrût ; mais la voix du canon à son tour s’éleva, et les obus sillonnèrent l’espace, s’abattant sur la route où grandissait le roulement des automobiles…
Parvenu dans le bois, à la corne duquel il avait naguère rejoint sa petite troupe, Hervé avait fait masser la colonne. Il réunit les officiers, fixa exactement chacun sur sa mission spéciale et son objectif. Afin de laisser à son officier d’ordonnance une autorité sans discussion, Sauzède lui avait donné à conduire un bataillon dont, par suite des maladies ou blessures, seuls des lieutenants exerçaient le commandement des compagnies. Le chef de bataillon avait été chargé de la prise de position intermédiaire avec les deux autres unités désignées pour cette opération.
Au coup de sifflet de Le Penven, les quatre compagnies débouchèrent ensemble, au pas de charge, sans tirer. Elles balayèrent devant elles les postes japonais surpris. À peine quelques sentinelles purent-elles donner l’alarme ; le camp était envahi avant que l’ennemi eût pris les armes.
Vivement, deux compagnies avaient obliqué à droite