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à la famine. Il faut au moins dix jours au corps de débarquement pour franchir, en refoulant l’ennemi, les deux cents kilomètres qui le séparent de nous. Et jusqu’alors, comment vivre ?…

— Nous mangerons nos bottes, comme ceux de Masséna à Gênes, » riposta crânement Salbris.

Le colonel eut un triste sourire. Un silence pesa entre les trois hommes absorbés dans une pensée unique : Faudrait-il succomber au moment où leur venait le premier sourire du retour de la fortune ?

« Mon colonel, dit soudain Hervé en relevant la tête, lorsque je suis entré dans le camp japonais pour y dérober le pétrole nécessaire à Roland, j’ai relevé l’emplacement de fourgons automobiles du service des subsistances. Cette partie du camp se raccorde par un chemin praticable à la chaussée qui mène à Cao-Bang.

— Mais qui a été rompue par mon ordre en avant de la ville, observa Sauzède.

— Oh ! reprit le capitaine, un pont de fortune est facile à jeter. Dès lors pourquoi ne tenterions-nous pas, de nuit, un coup de main sur l’aile droite du camp japonais ?… Parmi vos marsouins, nous trouverons certainement des chauffeurs, car votre recrutement comprend de nombreux Parisiens. Nous attaquerons vivement le parc. Les chauffeurs, sitôt les camions saisis, battront en retraite sous notre protection ; pendant ce temps, les sapeurs auront eu le temps de rendre la coupure pra-