l’horizon. Elles s’avançaient d’une fière allure, dans un ordre imposant de force consciente et d’impeccable discipline. On les sentait confiantes dans leur valeur, glorieuses de leurs succès passés ; et chacun frémissait d’impatience de se mesurer à de tels adversaires, de se couvrir d’une gloire immortelle en sachant les vaincre.
À la stupeur générale des non initiés aux desseins de l’amiral, celui-ci parut observer une attitude défensive. Quand chacun brûlait d’attaquer, la discipline voulait qu’il gardât une immobilité passive. Mais le sourire serein des commandants de bord atténuait l’angoisse des équipages.
Alors les bâtiments légers s’ébranlèrent et parurent vouloir marcher à l’impossible assaut des mastodontes, dont la puissante artillerie devait les écraser avant qu’ils fussent à portée de leur avoir infligé le moindre dommage.
Le cœur anxieux, on attendait toujours…
Et voici qu’au lointain une gigantesque gerbe d’eau fusait ; le cuirassé de tête de l’escadre nipponne s’inclinait sur bâbord, puis une explosion formidable soulevait une vague monstrueuse. Et quand elle eut passé, le navire avait disparu, anéanti dans l’explosion de ses chaudières, à jamais enfoncé dans les flots.
Presque aussitôt de nouveaux jaillissements d’écume enveloppèrent les deux navires qui suivaient de plus près le cuirassé sombré. Tous deux aussitôt interrompirent