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voqué son collègue anglais et les deux chefs s’étaient concertés en une longue conférence. Durant la nuit, la flotte britannique se sépara de nous pour s’élever vers le nord-est, tandis que les cuirassés français mettaient à la cape et semblaient vouloir se ménager un refuge, en cas d’échec, dans les eaux cochinchinoises, sous la protection des batteries du cap Saint-Jacques. Cette apparence de timidité avait pour but d’enhardir les Japonais et de les attirer dans la nasse que refermerait sur eux la ligne anglaise, qui, avant l’aube, par un changement de front, face à l’occident, assaillirait l’ennemi de flanc et l’acculerait à la côte dans un goulet dont l’escadre française fermerait l’issue.

Les commandants de bord, appelés par l’amiral, avaient regagné leurs postes, munis d’instructions secrètes. Dès lors, chacun, anxieux et impatient, attendit.

Ce fut une imposante veillée d’armes. Personne n’ignorait qu’au résultat de la bataille imminente étaient suspendues les destinées du pays, le salut de nos colonies, l’honneur militaire de la flotte. Vaincue sur mer, la France subissait un revers aussi désastreux pour son avenir et sa gloire que celui éprouvé sur terre, en 1870, contre l’Allemagne. La nation serait déchue de son rang dans le monde et rejetée dans l’ombre qui enténèbre l’Espagne depuis la ruine de sa vieille suprématie militaire et maritime. Tous le savaient : il fallait vaincre !

Au jour naissant, les forces ennemies surgirent sur