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« Tu vas nous accompagner jusqu’aux lignes des barbares pour être témoin de notre mission. Si elle échoue, nous ramènerons ici le captif pour lui faire expier le crime des siens dans les tortures. Mais que ni toi ni tes hommes ne tentent de te soustraire à ma décision, sinon aussitôt ta tête tombera. Donne-leur tes ordres pour que nous passions environnés du respect qui nous est dû. De leur obéissance dépend ta vie. »

Garrotté et placé entre deux gardiens, suivi d’un autre au revolver armé, le pirate, écumant de rage et de haine, dut se résigner, et le palanquin passa entre les rangs écartés et inclinés des Pavillons-Noirs.

La marche reprit, hâtive. Bientôt l’ombre envahit la campagne. Dans un passage étroit qui força un de ses surveillants à reculer, le pirate crut à la possibilité d’une évasion. D’une poussée brusque il culbuta son autre gardien et d’une détente des jarrets bondit pour disparaître dans une rizière… Au vol, une main de fer l’étreignit et le froid d’un canon de revolver glaça sa tempe. Et quelles ne furent pas sa stupeur et sa rage en se voyant tenu par le prisonnier blanc, soudain libre. Une fois la nuit venue, le Parigot avait cessé son rôle de captif pour se transformer en surveillant du bandit, dont il se méfiait à juste titre. Sans sa prompte intervention, le pirate eût rallié les siens et se fût lancé à la poursuite de ceux par qui il avait eu la maladresse de se faire prendre.