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Sauzède tendit sa main large ouverte.

« Je me souviens, en effet, de votre sœur et de vous, qui n’étiez alors qu’un petit garçon souvent pendu après mon sabre et prompt à sauter sur mes genoux. Notre rencontre aujourd’hui n’est donc qu’une reconnaissance dont les souvenirs qu’évoque votre nom me rendent tout ému. »

Il se tourna pour appeler sa fille, qui s’était éloignée de quelques pas.

« Viens, Jeanne, que je te présente un bon compagnon de route, M. Roland Salbris, chez le père duquel j’ai connu ta mère. »

Ainsi nouées, les relations s’acheminèrent vite vers l’intimité, cette intimité que resserre encore le perpétuel contact de la vie à bord, dans l’étroit espace enclos par l’immensité des eaux.

La traversée débutait par un ciel pur et une mer clémente. Les journées s’écoulaient pour les passagers en flâneries sur le pont, en stations sur la dunette. Côte à côte, les deux jeunes gens virent se dérouler devant eux cette terre bouleversée de Sicile et la nouvelle Messine, qui déjà élevait ses maisons neuves sur les ruines masquées de verdure et de fleurs. Puis ce fut Malte, qui dressa son imposante citadelle, sentinelle anglaise posée au cœur de cette Méditerranée, dont Gibraltar, sa sœur, tient les portes. Et de nouveau les terres s’effacèrent, l’infini des eaux les enveloppa jusqu’à l’abord des rives