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mon unique batterie de montagne ; enfin deux cent cinquante cartouches par fusil pour les deux bataillons de mon régiment, celui de tirailleurs tonkinois et les divers postes que j’ai ralliés. Mes forces se composent donc de vingt bouches à feu et d’environ deux mille cinq cents fusils. En face j’ai une brigade japonaise, un demi-régiment d’artillerie, et sur mes flancs des nuées de pirates. Tant que nous tiendrons, je redoute peu ces derniers ; mais si nous étions forcés dans nos lignes par les troupes régulières, ce serait l’invasion succédanée des Pavillons-Noirs qui me glacerait d’épouvante. Mieux vaut la mort immédiate que de tomber aux mains de ces bandits, dont la férocité est inexprimable. Aussi ai-je résolu, si la ville est forcée, de me réfugier dans la citadelle, et si celle-ci à son tour succombe, je la ferai sauter avec nous tous, ensevelissant aussi l’ennemi dans son triomphe. Mes dispositions sont prises pour cela.

— Hé bien ! nous sauterons ensemble, riposta Roland. En attendant nous avons quelques jours devant nous. Dès que ma « frégate » sera réparée, j’irai aux informations. La bataille navale doit avoir eu lieu ou se livrer à cette heure. La flotte japonaise vaincue, nos troupes de débarquement prendront terre vraisemblablement au moment où je pourrai voler à leur rencontre. D’autre part, à l’annonce du désastre de leur marine, les Japonais se sentiront en péril et ceci peut les amener à lever le siège.