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Après les minutes de joie sans mélange, le colonel, peu à peu, retomba dans une songerie grave. Il prit la main de Roland et déclara :

« Tu es près de nous ; c’est peut-être pour mourir ensemble. Sache que déjà la disette nous étreint. Nous n’avons plus pour longtemps les moyens de tenir, non contre l’assiégeant, mais contre la faim, et sur quel secours libérateur pourrions-nous compter, tout au moins avant de longues semaines ?… »

Roland répliqua ardemment :

« Vous vous trompez, mon père !… Avant-hier la flotte anglo-française avait quitté Singapoor, et celle du Japon marchait à sa rencontre. Aujourd’hui ou demain, elles se seront abordées, et si la victoire, en laquelle nous avons droit d’espérer, nous est acquise, d’ici huit à dix jours un corps de débarquement peut tomber sur les derrières de nos assiégeants, coupés de leurs communications et démoralisés par leur désastre naval.

— Que dis-tu ? s’enflamma Sauzède… Alors nous pourrions être sauvés ?…

— Nous le serons ! affirma énergiquement Salbris. La Providence, qui m’a conduit à vous, ne nous faillira pas dans l’avenir ; elle m’a donné foi absolue en sa surnaturelle protection.

— Dieu entende ton acte de foi ! soupira le colonel.

— Unissons le nôtre au sien, intervint énergiquement Jeanne ; et cette foi vaincra les obstacles, nous transpor-