Au seuil de sa demeure le colonel arrêta Roland.
« Encore un peu de patience, mon fils. Il est nécessaire que je prépare notre Jeanne à votre réunion. Trop de joie parfois fait mal… Mais j’aviserai pour que ton attente soit courte. »
Salbris s’inclina, malgré sa hâte de retrouver celle à laquelle il venait à travers tant d’obstacles ; mais la prudence paternelle était trop justifiée pour qu’il n’en acceptât pas la sage décision.
Sauzède trouva Jeanne qui rentrait de l’ambulance, où elle passait chaque jour de nombreuses heures à réconforter blessés et malades de ses soins et de sa parole. La jeune fille eut la surprise de discerner un heureux sourire sur la bouche de son père, si grave depuis leur internement. Elle leva sur lui des yeux interrogateurs. Il souriait toujours.