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Entré sur les pas du colonel et de Mlle Sauzède, Salbris se trouva naturellement prendre place à leur suite, près de la jeune fille. Pendant le repas, il se borna, n’étant pas présenté, à se montrer attentionné et serviable à l’égard de sa voisine, dont le charme juvénile ne le trouva pas insensible. De même la mâle physionomie, pétrie d’intelligence et de volonté, du père l’attira. Aussi, au sortir de table, renseigné sur la personnalité des convives par le commissaire du bord, s’approcha-t-il de Sauzède.

« Permettez-moi, mon colonel, puisqu’un heureux hasard nous fait voisins de table, de me présenter à vous. Je me nomme Roland Salbris et fais partie de l’administration des Douanes chinoises. Je rentre de congé et regagne mon poste à Chang-Haï. Nous sommes donc destinés à faire ensemble la presque totalité de la traversée, et je m’en félicite.

— Salbris !… répéta le colonel. J’ai fréquenté jadis, à Brest, M. Claude Salbris, dont la maison était accueillante aux jeunes officiers, et c’est chez lui que j’ai rencontré celle qui devait, trop peu de temps, hélas ! être ma compagne.

— C’était mon père, murmura Roland, une pieuse émotion dans la voix. Il était armateur à Brest. Ruiné par des désastres maritimes, une chance de refaire fortune lui fut offerte. C’était en Chine. Malgré son âge, il n’hésita pas à s’expatrier dans l’intérêt de ses enfants. Au moins est-il mort avec la consolation d’avoir réussi. »