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d’espoir de vous porter un secours efficace, de soustraire au moins votre agonie ou vos corps à l’ennemi, je me dressai pour enlever mes hommes que je trouvai tous debout, frémissant, le jarret tendu pour courir à vous… Et nous sommes arrivés à temps ; nous avons soustrait votre ami blessé et vous, qui ne vouliez pas le quitter, à la capture des Japonais.

— Ils n’auraient eu que nos cadavres, répliqua Le Penven. Peu s’en est fallu même que vous n’essuyiez le feu de mes deux revolvers. En me voyant charger sur le flanc, je vous prenais d’abord pour l’ennemi. Je ne pouvais penser trouver un détachement de la garnison assiégée en rase campagne… Dieu merci ! c’étaient des frères d’armes qui me venaient. »

De nouveau sa main cherchait celle du lieutenant pour mettre dans son étreinte une éloquence que les mots ne parvenaient pas à exprimer.

« Mais, reprit-il, pourquoi nous attardons-nous ici ? »

À ce moment, Salbris ouvrit les yeux.

« Où suis-je ? murmura-t-il.

— Avec les soldats de Cao-Bang, répondit Hervé, qui n’avait pas quitté la civière où gisait son ami… Sois heureux ! Nous avons réussi !

— Réussi ! s’exclama Roland en se redressant. Oh ! aide-moi ! je veux entrer debout dans la ville. »

Au bras valide d’Hervé, il fit quelques pas, vacillants