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Alors, tout en surveillant le terrain, il expliqua son heureuse intervention au capitaine Le Penven, qu’il avait connu lorsque, tous deux lieutenants, l’un d’infanterie, l’autre d’artillerie coloniale, ils tenaient ensemble garnison à Brest.

« J’étais en reconnaissance, dit Boisonfort, et je venais de me poster à l’abri d’un bouquet de bambous pour épier la randonnée de l’aéronat japonais et saluer d’un feu à répétition son passage, lorsque j’aperçus comme un énorme oiseau de proie fondre de l’horizon. Ma jumelle me fit vite distinguer un aéroplane, et mon cœur soudain se gonfla d’émotion en voyant se dérouler derrière lui la flamme tricolore… Puis une angoisse me vint : qu’allait-il advenir de la rencontre du colosse et du pygmée aériens ?… Ah ! quelle joie ! vous preniez le dessus du dirigeable et votre fusée rayait l’air de son sillon lumineux… L’insuccès premier me dépita ; mais votre intrépidité m’émerveilla ; d’un retour circulaire vous reveniez à la charge, et de nouveau, de votre nacelle, un trait de feu descendit… Ce fut effarant. Une flamme énorme remplit le ciel, le mastodonte avait disparu, anéanti… Mais, hélas ! malgré la vitesse vertigineuse de votre fuite, les remous de l’explosion refluèrent jusqu’à vous. En même temps que je percevais le vacarme de la déflagration de l’aéronat, je vous vis chavirer à demi, tomber rapidement malgré vos sursauts pour reprendre l’équilibre, mais qui rendait la chute moins brutale. Avec un reste