main chercha le cœur. Il battait… Aucun membre ne semblait luxé… Le traumatisme seul avait dû produire la syncope…, à moins, hélas ! qu’elle ne fût due à des lésions internes.
Le Penven leva la tête et s’orienta… À un peu plus d’un kilomètre, se dressait l’enceinte de Cao-Bang… En temps normal, il se fût fait fort d’y porter son ami ; mais son bras blessé lui interdisait d’y songer. Il l’essaya pourtant et dut s’avouer vaincu. Quant à abandonner Roland pour se sauver seul, la pensée ne l’en effleura même pas… Mais un désespoir lui déchira l’âme… Ils échouaient au port !…
Une pensée adoucit sa douleur : tout au moins ils périraient vengés !… La destruction du dirigeable japonais et de son équipage était un premier holocauste assez cuisant pour que l’ennemi trouvât insuffisante comme revanche la mort de l’aviateur et de son compagnon, et celle-ci exigerait encore des victimes, celles que le capitaine abattrait avant de tomber, car il défendrait jusqu’au dernier souffle sa vie et celle de son ami.
Justement voici que du rideau de bambous, là-bas, émergeait une troupe, fusil haut, se ruant vers le lieu de l’accident. Fièrement, Hervé arracha de l’épave de la « frégate » la flamme tricolore et l’exhaussa au-dessus de sa tête. Il se ferait tuer à l’ombre du drapeau !
Couché à plat ventre, il prit à la ceinture de Salbris le revolver inutilisé. Avec le sien, il avait douze balles