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tés hors de la zone dangereuse quand l’aéronat sautera… Attention !… je repars. »

Penché au-dessus du bordage, Hervé tenait la fusée ; soudain il enflamma la mèche et la lâcha.

À toute vitesse fuyait l’aéroplane.

Une détonation effroyable retentit… Aussitôt une rafale de cyclone ébranla l’atmosphère. Bien que déjà éloignée, la « frégate » fut prise dans un remous et déséquilibrée. Salbris comptait sur le gauchissement facultatif de ses ailes pour assurer sa stabilité ; par malheur, celle sollicitée n’obéit pas à la commande du levier. L’appareil pencha ; la chute parut inévitable…

« Ah ! se révolta Salbris, serions-nous ensevelis dans notre victoire ! »

Avec un admirable sang-froid il avait coupé l’allumage. Grâce à sa surface de sustentation, l’appareil ne s’effondrait pas d’un bloc et, toute rapide qu’elle fût, sa chute s’atténuait. L’aviateur espéra un instant pouvoir se relever… Hélas !… il était trop tard : au moment même où Salbris remettait le moteur en marche, la « frégate », contre la cime d’un arbre, brisait son aile.

Les branches ralentirent la descente et le sol détrempé amortit le choc. Le premier, le capitaine se dégagea sans autre mal que le contre-coup infligé à son bras blessé ; mais il aperçut son ami, projeté à quelques pas, inanimé, les yeux clos.

Une angoisse lui étreignit l’âme. Il se jeta à lui, sa