« frégate ».
De temps à autre, quand il entendait s’éloigner le pas des factionnaires qui gardaient le convoi, il haussait lentement la tête pour inventorier les chargements des voitures. Il arriva ainsi, face à une masse oblongue, allongée sur le sol tel un mastodonte accroupi et qui projeta sur lui une ombre dense. À la lueur du ciel étoilé, il reconnut avec joie le ballon dirigeable arrimé contre terre. Le pétrole cherché ne devait pas être loin.
À ce moment, la lune surgit sur l’horizon, inondant de clarté la campagne. Hervé s’aplatit sous un fourgon, maugréant contre l’astre intempestif. Mais, ô surprise ! là, devant lui, oubliés sans doute, deux bidons gisaient entre les roues. Il les soupesa, ils étaient pleins. À la lueur qu’à l’instant il venait de maudire, il lut sur leur flanc une marque américaine. C’était bien le liquide convoité.
Il le tenait… Ce n’était que le premier point. Le plus difficile restait à accomplir : l’exode avec son butin. Et comment faire sous la clarté lunaire ? Il regarda l’astre avec colère ; mais l’espoir lui revint, des nuées accouraient de l’horizon. Passeraient-elles devant cette lune de malheur ?
L’obscurité était plus que jamais indispensable au succès de son entreprise. Chargé des deux bidons, il ne pourrait plus ramper comme naguère ; il devrait s’avancer à peine courbé, et l’aisance de sa marche serait entravée.
Les yeux au ciel, il épiait la course des nuées. L’une