« Qu’importe ! se défendit-il encore, je n’aurai pas failli à mon devoir.
— Quel devoir, se récria Salbris, vous contraint à empêcher l’entrée à Cao-Bang d’un homme qui n’y veut être que pour protéger sa fiancée ? »
Une émotion transparut sur les traits du prisonnier.
« Vous dites ? questionna-t-il à son tour anxieusement.
— Que la fille du colonel Sauzède, enfermée avec son père dans la ville assiégée, est ma fiancée et que je veux la rejoindre pour la défendre et l’empêcher de tomber vivante aux mains des pirates…
— Moi aussi j’ai une fiancée qui m’attend et ne me reverra pas, murmura Albrecht von Sonberg.
— Hé bien ! s’exclama Salbris dans une inspiration subite, il ne sera pas dit que, moi, j’aurai privé une jeune fille de celui qu’elle aime, dussé-je être victime de mon acte. Allez, monsieur ! vous êtes libre, sans conditions. »
Déjà il avait coupé les liens qui garrottaient l’espion. Celui-ci se leva, puis salua militairement.
« Je vous suivais pour m’emparer de votre aéroplane, vous empêcher de procurer aux assiégés français ce merveilleux élément de reconnaissance et de communication avec l’extérieur et pour en doter définitivement notre armée, déclara-t-il ; mais je ne puis supporter l’idée que l’Allemagne soit, en ma personne, vaincue en générosité