— À Thuy-Can, à deux ou trois milles d’ici. »
Tout en questionnant son prisonnier, Roland parcourait les papiers saisis.
« Vous êtes le lieutenant Albrecht von Sonberg, de l’armée prussienne, en mission sous le nom d’Hermann Hofer. Prenez-vous l’engagement, sur l’honneur, dans le cas où je vous laisserais la vie sauve, de vous retirer avec votre bande, et de vous abstenir de tout acte, de tout propos, de toutes manœuvres à mon égard et à celui des armes françaises ? »
L’Allemand ne répondit pas.
« Nous tenons votre vie entre nos mains, menaça Salbris.
— Un soldat ne craint pas la mort, riposta fièrement von Sonberg ; et si je meurs, vous n’échapperez pas non plus au sort qui vous attend.
— Peut-être ! répliqua Roland. Il n’est pas certain que les bandits à votre solde découvrent notre retraite, et, las de vous attendre, ils se retireront. Quant à nous, une fois hors d’ici, nous possédons le sauf-conduit chinois qui vous servait de sauvegarde. Vous disparu, il peut nous protéger à notre tour. »
Les traits de l’espion se crispèrent de dépit. Son adversaire disait vrai. Sa bande, recrutée à Long-Tchéou, au moyen de réguliers chinois mis à sa disposition par le mandarin, n’oserait agir contre un homme porteur d’un écrit qui le rendait inviolable.