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échapper sa proie. Il supposait d’ailleurs ses ennemis mal en point à la suite de leur chute et incapables d’une résistance sérieuse. Peut-être même le tigre lui aurait-il épargné une partie de la besogne.

Il s’avança donc, mais prudemment, de façon à être en garde aussi bien contre la bête que contre les hommes, et, avant de franchir le sommet du talus, tenta d’habituer ses yeux aux ténèbres de la caverne.

« Ne bouge pas, avait soufflé Salbris au Parigot ; il me le faut vivant ! »

Les regards de l’Allemand fouillaient les profondeurs de la grotte. Il ne distinguait rien. Il jeta quelques pierres pour s’assurer si le tigre n’était pas aux aguets, prêt à bondir sur la nouvelle proie offerte. Rien ne bougea. Il en conclut l’animal mortellement blessé, mais après avoir mis ses adversaires dans l’impuissance de l’achever, et alors se décida à descendre. Mais la paroi presque verticale l’obligea à lui faire face pour engager à tâtons les pieds dans les interstices, tandis que ses mains s’accrochaient aux aspérités. Deux ou trois fois il s’interrompit pour regarder sous lui et écouter. Il ne vit rien. Cependant Salbris et Troussequin rampaient vers le bas du talus, n’avançant que lorsque Hermann ne pouvait distinguer le faible bruit de leur marche de celui que lui-même éveillait dans sa descente. Quand il s’arrêtait, les Français se collaient à la muraille, anxieux d’être découverts. Ils arrivèrent enfin contre les roches.