Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Très nettement un bruit se percevait, à l’extérieur, de l’autre côté du rempart de roches amassées à l’orée de leur refuge. Il semblait que l’on tentât d’en ébranler les blocs ou de gravir leur éboulis oscillant. À mieux écouter, ils se convainquirent d’une ascension, lente, lourde, prudente à assurer ses pas, à se défier d’un piège. Quelqu’un venait,… ils en étaient sûrs…

Tapis l’un contre l’autre, les deux Français se tassaient dans un retrait de la caverne, le coupe-coupe dans la main droite, la gauche crispée sur la crosse du revolver. Mais ils étaient convenus de ne se servir de cette dernière arme qu’en cas extrême, afin de ne pas dénoncer leur présence par les détonations.

Des pierres roulèrent dans l’intérieur. L’ennemi avait donc franchi le sommet du barrage et maintenant descendait vers eux. Ils demeurèrent, le souffle suspendu…

Soudain deux lueurs phosphorèrent dans les ténèbres, qui semblaient devenir moins denses.

« Le tigre ! » souffla Salbris.

Entre l’arcature de la grotte et le sommet de l’amas rocheux filtraient les premières pâleurs de l’aube. Le félin se détacha en silhouette sombre et puissante. Il avait fait halte, reniflant l’odeur humaine, comme défiant et indécis. Sans doute sa chasse nocturne lui avait fourni large provende, et la faim ne le poussait plus à la recherche de la proie. La barrière haussée devant l’entrée de son gîte coutumier l’avait mis en défiance ; aussi, avant de