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La crânerie du troupier réconforta un peu Salbris. Il eut l’amour-propre de ne pas se montrer moins brave dans l’adversité que son compagnon et le remercia d’un bon sourire.

« Y a du bon ! s’écria Gilles, vous voilà redevenu vous-même. Pour l’instant, il faut se grouiller. D’abord on va démonter l’oiseau, lui dénicher une bonne cachette, puis on s’ingéniera soit pour aller de l’avant ou mieux encore pour retrouver les camarades. »

Déjà il était à l’œuvre. Salbris s’étonnait de son adresse. Troussequin expliqua :

« Je n’ai pas les yeux dans ma poche. J’ai vu opérer les Chinois, et j’en ai fait mon profit. Maintenant je vais me mettre en quête d’un bon coin, où personne n’aura l’idée d’aller voir quand nous y aurons mis l’oiseau. »

Il revint bientôt. Parmi les éboulis rocheux, il avait découvert une caverne, à l’entrée étroite et facile à boucher par quelques blocs. Pièce à pièce, ils transportèrent la pauvre « frégate ». Puis ils roulèrent des roches contre l’issue et la murèrent ainsi aux deux tiers de sa hauteur.

Mais le travail avait exigé de longues heures et une dépense considérable de forces. Le jour baissait. Les deux compagnons résolurent de passer la nuit dans la grotte ; ils se hissèrent par-dessus le rempart qu’ils venaient d’édifier et se laissèrent couler dans cet insoupçonnable abri.