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que tu aies réussi, comme j’y compte, à les franchir, nous entrerons à notre tour, grâce au signal et au mot de passe convenus dont tu auras instruit nos amis. Allons ! agis sans tarder, et à la grâce de Dieu ! »

Il serra frénétiquement Salbris sur son cœur pour un adieu suprême, car l’espérance en lui était presque éteinte ; mais sa figure ne trahit pas sa foi défaillante.

Déjà Laï-Tou et ses deux fils étaient à l’œuvre. Bientôt l’aéroplane fut paré pour le départ. Le plein d’essence fut fait au réservoir ; n’allait-on pas être forcé d’abandonner le reste de l’approvisionnement, si difficilement obtenu ? Roland voulut serrer la main à tous ses compagnons et les réconforter d’un « au revoir » dont l’incertain poignait son âme.

Comme il allait monter sur son siège, Hervé se frappa le front.

« S’il te survenait une avarie, que tu tombasses !… Tu serais seul !…

— Ma foi ! dit Troussequin, mon pied n’est guère vaillant depuis son écorchure. Si M. Roland veut de moi ? Nous avons l’habitude de voler ensemble.

— Parfait ! s’écria le capitaine, prends cet écloppé, qui malgré cela n’est pas manchot et de plus homme de ressources. J’en serai heureux pour lui et plus rassuré pour toi.

— Venez, Troussequin ! dit Salbris, et à Dieu vat !… »

Le moteur ronflait. La « frégate » glissa sur le sol,