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Certes, ils seraient reçus par une fusillade meurtrière. Toutefois, malgré son désir de leur infliger une leçon sanglante, le capitaine songeait qu’il n’était pas là pour combattre, ni même pour vaincre ; que sa mission était d’arriver à Cao-Bang, et que le meilleur moyen d’y parvenir était de passer insoupçonné.

Il se décida donc à chercher une ligne de retraite. De nouveaux patrouilleurs se glissèrent dans la jungle. Roland Salbris, trépidant d’impatience, contemplait fiévreusement la ligne des crêtes d’où il devait s’élancer sur Cao-Bang. Elles se dressaient à deux ou trois lieues et ne le dominaient plus que d’une centaine de mètres d’altitude. Du plateau dénudé étalé devant lui, il pourrait prendre son essor pour les franchir et atteindre son but. Mais il se souvenait de l’engagement pris envers son ami et ne se croyait pas le droit d’abandonner les siens dans la phase critique qu’ils traversaient.

Les éclaireurs rentrèrent, porteurs d’une nouvelle source d’alarmes. Sur le seul sentier accessible aux mulets, une autre bande de pirates avait établi son repaire, à un carrefour qui commandait les voies d’accès vers les hauts plateaux et la frontière indo-chinoise. La petite troupe était bloquée, dans l’impossibilité d’avancer ou de reculer sans être aux prises avec l’ennemi. Seuls, peut-être, les hommes eussent pu se frayer un passage par la forêt entre les deux rassemblements de pirates ; mais les obstacles étaient si rudes et si pressés, que