Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les bras. Mais je manquai mon coup… Alors je le vis retourner en arrière et recommencer la manœuvre. Ces diables de cordes se tordaient dans l’air comme des serpents ; l’une d’elles, par veine, s’enroula à mon poignet. J’eus vite fait de la harponner de l’autre main, et je me sentis partir dans l’air. Comme aussitôt la lumière s’éteignit, je me mis à rire en m’imaginant la tête de mes chasseurs qui me voyaient, — ou plutôt ne me voyaient pas, — enlevé à leur barbe quand ils croyaient déjà me tenir. En quelques brasses je grimpai jusqu’à la nacelle ; un rétablissement m’y logea, mais je crus bien alors que j’allais faire basculer la mécanique. Seulement M. Roland avait l’œil à la chose, et il remit son oiseau d’aplomb… Et nous voilà tous les deux !… Tout de même, pour mes débuts en aéroplane, l’aventure n’est pas ordinaire ! »

Il se faisait tard. Après avoir félicité Troussequin de l’heureuse issue finale de son odyssée, avec un regard de profonde reconnaissance du péril auquel le vaillant soldat s’était exposé pour calmer ses inquiétudes, Salbris déclara :

« Ne juges-tu pas, Hervé, qu’il serait prudent de nous mettre en route dès l’aube, dans le cas où les pour suivants de Gilles s’obstineraient à leur chasse ? Puis, il est bon de nous hâter, avant que soit dénoncée dans la région la présence de ma frégate. »

Le Penven répliqua :

« Trop de prudence ne peut nuire. Toutefois, rassure-