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digène. Tout de go, je lui ai expliqué que j’étais un troupier français déguisé, venu en reconnaissance.

« Le digne homme a levé des bras, comme s’il criait miséricorde.

« — Quelle témérité, mon fils ! Si vous étiez pris ici, quelle mort subiriez-vous ! »

« Je lui répondis :

« — Tiens ! vous y êtes bien, vous ! »

« Il eut un sourire, qui m’est resté dans les yeux, pour me dire :

« — Oh ! moi, c’est mon devoir de prêtre d’être prêt à mourir pour le bon Dieu. »

« Je ne voulus pas être en reste et répliquai :

« — Et moi, soldat, pour la patrie ! »

« II me prit alors les mains et me les serra.

« — Bon ! vous êtes bien gentil, monsieur le curé ; mais je n’ai pas le temps de bavarder. Je suis venu quérir des nouvelles sur ce qui se passe dans le monde. Tâchez de me dire ça en cinq sec, que je m’esbigne pour rejoindre les miens. »

« II m’apprit alors ce que je vous ai rapporté, et, l’ayant bien remercié, je lui tirai ma révérence. Il voulait me garder caché jusqu’à la nuit. Mais alors comment vous aurais-je retrouvés ? Même qu’il était déjà tard et que je n’avais qu’à allonger mes guiboles. J’acceptai un coup à boire, puis me voilà parti. J’allais bon pas, quand je tombe tout à coup sur des particuliers de mauvaise mine qui