cette heure, car j’en ai déchiré le bas au retour pour mieux jouer des jambes. J’avais mon idée au départ, et c’est pourquoi je me suis mis à l’arrière-garde. À l’entrée des rizières, je vous ai faussé compagnie, pour voir si celles qui longent le Tso-Kiang étaient plus praticables. Je ne crois pas qu’il y ait grande préférence à faire entre les deux ; en tout cas, j’ai pataugé pour ma part. Enfin je suis arrivé en vue du patelin, et j’y suis entré tranquillement, comme un bon Annamite qui va à ses affaires sans se soucier de celles des autres. Tout de même j’évitais de me faire regarder sous le nez ou d’entrer en conversation avec les naturels, dont le baragouin m’est moins familier que l’argot de Pantin. J’allais donc, l’œil aux aguets, furetant par les rues pour dénicher la plaque du consulat, quand j’avisai une croix au-dessus d’une porte. La maison d’un curé, me dis-je, voilà mon affaire ; le digne homme me renseignera aussi bien que ce diable de consul que je ne peux pas dénicher… Et de fait je l’aurais cherché longtemps, car il a décampé sitôt les Japonais débarqués en Indo-Chine. Le curé, lui, est resté.
« J’entrai donc tranquillement comme chez moi, et je ne fus pas long à me trouver en face du chapelain… Un drôle de curé, habillé en Chinois, mais qui au moins n’avait pas une tête jaune de magot et qui, en place de queue, portait une tonsure.
« À ma vue, il prit un air tout ahuri. Malgré le badigeon de ma peau, il ne me trouvait pas une binette d’in-