Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Brave garçon ! Et c’est pour moi que tu as risqué ta vie !

— Vous me l’avez sauvée, vous !… On est quitte.

— Non pas ! repartit gravement Roland, ému de ce dévouement et de cette simplicité. Ma dette reste entière. Mais ce sera pour plus tard. »

Déjà la « frégate », démontée et empaquetée, était hissée sur les bâts. L’abri choisi par Le Penven fut rallié. C’était au fond d’une anfractuosité rocheuse, dont les parois surplombantes masquaient à l’extérieur les reflets du foyer allumé. Le riz était préparé, et un chevreuil capturé grésillait devant les braises.

Après un repas auquel chacun fit honneur, et le Parigot plus royalement que personne, le brave garçon bourra sa pipe de tabac frais rapporté de son expédition et en narra les péripéties.

« Donc, commença-t-il, M. Roland se faisait du mauvais sang, hier, quand il dut renoncer à pénétrer dans Long-Tchéou, pour s’informer de ce qui se passe ailleurs qu’ici, où, il faut bien le dire, ça manque de transparents lumineux et de salles de dépêches pour renseigner le pauvre monde. Alors, je me dis que si on ne pouvait aller en bande à ce Long-Tchéou de malheur, un gars bien camouflé et dégourdi saurait peut-être s’y glisser sans casse, en dépit de MM. les Pavillons noirs ou jaunes. Ce qui vous explique la peinture de ma peau, mon chignon et ma robe d’Annamite, un peu courte à