dans la journée, puis reprit ses circuits entrecroisés. Découragé, craignant d’être à la limite de sa provision d’essence, incomplètement faite dans la hâte du départ, il allait se résigner, la mort dans l’âme, à rallier le camp. Soudain un cri lointain dans la plaine :
« À moi !… À moi !… »
Salbris orienta le faisceau lumineux dans la direction d’où lui venait cet appel désespéré. Le cône éclairé lui montra, tout d’abord, un essaim égaillé de coureurs à la poursuite d’un fugitif ; puis, en fouillant en avant d’eux, il distingua un homme courant avec des bonds d’animal traqué. Il ne douta pas que ce fût là le malheureux Troussequin. Le pauvre garçon semblait épuisé, et chaque seconde diminuait la distance entre lui et ceux qui le pourchassaient.
Roland descendit presque à raser le sol. Mais il ne pouvait ralentir sensiblement son allure sans risquer la chute. De sa main libre, il chercha sous lui les cordes d’arrimage que, par précaution, il gardait dans la nacelle pour le brêlage de l’aéroplane en cas d’atterrissage hors du point de départ. Chacune d’elles se terminait par une boucle. Rapidement il engagea la corde de façon à former un nœud coulant qu’il glissa le long de sa jambe et arrêta à sa cuisse droite, puis opéra de même pour la gauche. Alors il rejeta au dehors les deux extrémités flottantes, qui traînèrent sur le sol.
Il approchait alors du fugitif, allait le dépasser.