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— Pourra-t-il le voir, enfoncé comme il sera dans cette mer de verdure qui, à deux pas, bouche tout horizon ?… Non !… Il faut trouver autre chose… Et, s’écria-t-il en se frappant le front, voici le cas ou jamais de m’assurer du bon fonctionnement de mon appareil après les heurts qu’il a supportés dans le voyage… Je vais gagner ce petit tertre découvert, là-bas, avec les mulets, Laï-Tou et ses fils. En un quart d’heure ma « frégate » sera prête. Je m’élèverai, et ce bon Troussequin me verra dans l’air.

— D’autres aussi peut-être, dont il vaudrait mieux ne pas attirer l’attention, objecta Hervé.

— Qu’importe ! décida Salbris ; nous ne pouvons abandonner ce brave garçon, qui, lui, n’a pas craint de s’exposer pour nous. D’ailleurs, ne m’as-tu pas dit que nos éclaireurs n’ont relevé aucune trace de bandes suspectes dans les environs ? Qu’y feraient-elles d’ailleurs ? Elles sont toutes évidemment aux abords de Cao-Bang, appâtées par la curée.

— Hâte-toi alors, dit Hervé, car la nuit est proche.

— J’emporterai mon phare à acétylène. Tu hisseras le tien au sommet d’un bambou pour me servir de repère. Il te suffira de l’allumer quand tu verras le mien briller dans l’air, car je n’aurai besoin de ton signal que pour l’atterrissage à mon retour… Allons ! assez discuté : il faut agir ! »

Le bivouac fut levé, et la troupe profita des dernières