D’autre part, en prenant son vol du fond de la vallée où ils se trouvaient actuellement, Roland aurait à franchir une succession de montagnes et de ravins, dans lesquels les vents contraires formaient de dangereux remous. S’il tombait, qu’adviendrait-il ? Le Penven considérait donc une telle tentative comme une imprudence blâmable, à laquelle il était de son devoir de s’opposer, tant comme ami que comme Français. Car il fallait réussir pour que la garnison connût la rencontre imminente des deux flottes, et que l’assurance d’un prompt secours relevât les forces morales que l’angoisse de son isolement et de son abandon devait fatalement déprimer.
La valeur des arguments de son ami ne pouvait échapper à Salbris ; mais la pensée du danger de sa fiancée lui fit jeter cette objection suprême :
« Et si, par suite de cette nouvelle temporisation, nous arrivons trop tard ? »
Le Penven branla le front.
« Non ! le colonel Sauzède n’est pas homme à succomber sans une défense poussée aux limites des forces humaines. Les Japonais n’ont pour réduire la place que leur artillerie de campagne, insuffisante contre une ville bien défendue. Cao-Bang ne sera pas non plus enlevée de vive force, vu la valeur de sa position. Seule, la famine la pourrait réduire. Mais, avant d’évacuer Lang-Son, le commandement n’a pas manqué de faire diriger tous les approvisionnements en vivres et en munitions