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LES CONQUÉRANTS DE L’AIR
I
SUR LA ROUTE BLEUE
La machine, sous pression, haletait, et toute la membrure du navire vibrait de sa respiration profonde. De lourdes volutes sombres, striées d’éclairs rougeâtres, exhalaient, de la cheminée, une haleine de cratère. Les échelles venaient d’être rentrées sur l’exode de ceux venus apporter un dernier adieu aux émigrants, et la coupée s’était close. Le mugissement de la sirène domina alors le brouhaha du départ et le crécellement saccadé des treuils ronflant en formidables tournevires. Du silence qui succéda à cette étourdissante clameur perça le trille aigu d’un sifflet et, de la passerelle, un commandement tomba :
« En haut le monde ! Chacun à son poste pour l’appareillage ! »