Pour se dérober aux curiosités gênantes, ce plan ne fut mis à exécution qu’après avoir dépassé la ville. Le point choisi fut le confluent du Kou-Youn. Là, attendaient les mulets conduits de nuit par O-Taï-Binh et un homme de l’équipage.
Le transbordement eut lieu également pendant les heures nocturnes ; puis la hache éventra les sampans et les fit couler en eau profonde. En attendant le jour, l’expédition se mit à couvert dans une forêt voisine, avant d’adopter le plan d’action définitif parmi ceux étudiés.
Deux itinéraires principaux s’offraient pour approcher de Cao-Bang. L’un continuait à remonter la vallée du Tso-Kiang, en contournant Long-Tchéou, dangereux à aborder, puis celle du Bang-Kiang sur lequel Cao-Bang est assis. Cette route présentait l’inconvénient d’avoir à traverser, une fois la frontière franchie, toutes les troupes japonaises qui assiégeaient la ville. L’autre voie d’accès s’élevait au nord, par la rive droite du Kou-Youn, longeait la frontière franco-chinoise et la coupait à environ cinquante kilomètres de la place investie. Des plateaux qui couronnent la chaîne montagneuse, l’aéroplane pourrait facilement et utilement prendre son envolée.
Las de toutes les temporisations exigées depuis son départ, Salbris était violemment sollicité de tenter son essor sans plus attendre. La vue de son appareil, au moment où il était sorti de la prison qui le lui avait dérobé depuis le commencement du voyage, avait attisé