Sans succès, le Chinois offrit à son compatriote une forte surenchère. Nonobstant son dépit de manquer pareille aubaine, le marchand se retrancha dans sa probité commerciale. En vain Laï-Tou, exaspéré de voir devant lui, intangible, l’approvisionnement nécessaire, tourmentait-il le vendeur, celui-ci s’obstinait à lui refuser ce qui ne lui appartenait plus, étant vendu à un autre.
Machinalement, dans son désespoir, Laï-Tou exécuta le grand geste de détresse de la société secrète à laquelle, en vieux Chinois, il était affilié et par l’intermédiaire de laquelle il se procurait le cher opium, dont la privation lui était si cruelle depuis le larcin du Parigot. Devant cette démonstration le marchand s’émut, et esquissa un autre signe cabalistique auquel aussitôt Laï-Tou répondit. Ô bonheur ! il était tombé sur un des adhérents de sa secte.
« Frère ! s’écria le commerçant, il ne m’est permis ni de te laisser dans l’embarras, ni de transgresser mes engagements. Je sors de mon magasin et te laisse le champ libre. Prends à ta convenance sans que j’en sois témoin. Je déclarerai à mon client que j’ai été volé, et ceci sans lui mentir,… et lui rembourserai son argent, acheva-t-il sur un gros soupir.
— Combien ? s’écria Laï-Tou ; je vais te le rendre au double.
— Vingt taëls ! déclara le marchand ; mais je ne puis les accepter sans être complice de ton acte. Ne me les