s’éveillait à l’aspect de l’embarcation inconnue mouillée en pleine eau. Des jonques vinrent rôder à ses abords, l’enveloppant de leurs inquisitions indiscrètes. Heureusement les autorités chinoises ne jugeaient pas à propos de la visiter. Sans doute, elles supposaient que le sampan devait porter à la frontière quelque contrebande de guerre, et leurs occultes sentiments xénophobes leur faisaient favoriser un trafic au détriment de la France ; car, pour elles, cette contrebande ne pouvait être destinée qu’aux Japonais ou aux pirates.
Quelle raison attardait donc ainsi Laï-Tou et son fils ?… Étaient-ils en difficultés avec la police indigène ?… L’Allemand leur avait-il suscité des entraves ou un péril ?… Pourtant, connaissant la prudence avisée de son mandataire, Salbris se disait que Laï-Tou avait dû prendre ses mesures telles, qu’en cas d’ennui grave son fils pût battre en retraite et regagner le bord pour le prévenir et chercher secours. En ce cas, il arguerait de sa situation officielle auprès des mandarins, qu’il intimiderait et de ses menaces et de la présence de son escorte armée. Mais il attendait encore avant de se résoudre à cette intervention qui trahirait sa présence et pourrait faire soupçonner ses projets ultérieurs.
En débarquant, Laï-Tou s’était renseigné sur les marchands susceptibles de posséder des approvisionnements d’essence. Deux seulement existaient dans la ville. Chez le premier, il apprit que le stock en magasin venait d’être