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deraient le canot. Puis, revolver au poing, ils débarquèrent.

Roland marcha droit au palétuvier dont les racines s’enfonçaient dans l’eau. Une stupeur le saisit à reconnaître sur le câble une coupure fraîche qui l’entamait jusqu’à son centre. En reculant vers le tronc de l’arbre, dans la vase, lui apparurent les empreintes de deux larges semelles. Elles ne pouvaient provenir que des chaussures habituelles à un Européen… Or, seuls les Chinois de l’équipage avaient abordé cet endroit de la rive, pour amariner le sampan, et encore n’avaient-ils pas eu besoin de quitter leur canot, puisque le point d’attaque était à une racine saillant hors de l’eau. Que signifiait la présence d’un blanc dans ce pays perdu ?… Le soupçon qu’ils eussent eu affaire encore à Hermann Hofer effleura la pensée de Roland ; mais, en admettant que l’Allemand eût échappé à la noyade et à la balle d’Hervé, comment pourrait-il les avoir rejoints après le coulage de son bateau, et surtout comment aurait-il découvert le refuge où les avait jetés la tornade ?

Quoi qu’il en fût, la présence d’un Européen en ces lieux déserts était suspecte. Salbris, un doigt sur les lèvres, recommanda le silence au Parigot et regagna le bord. Là, il ordonna le départ immédiat. On marcherait à moyenne allure, pour n’atteindre la ville qu’au lever du jour. Surpris de la hâte un peu fébrile de son ami, Le Penven voulut l’interroger. D’un signe, Roland l’arrêta ; mais