le rôle d’intervention serait limité au seul Salbris, couvert par sa dignité de fonctionnaire de l’empire. Mais il préférait que sa présence fût ignorée. Laï-Tou était tout désigné pour faire marché avec un de ses compatriotes.
Toutefois les embarcations furent ramenées à l’embouchure du torrent. Cette disposition faciliterait l’appareillage nocturne ; de plus, la proximité des rives, dans leur retraite précédente, aurait pu leur valoir la visite intempestive d’un fauve attiré par l’odeur humaine. Deux carabines à répétition furent tirées de la cale, et un factionnaire commis pour veiller à la sécurité de chaque embarcation, que le grossissement des eaux avait dû faire amarrer près de la berge.
Peu avant l’heure fixée pour l’appareillage, un coup de feu donna l’alerte. Interrogée, la sentinelle déclara avoir tiré sur une ombre suspecte, qu’il avait vue tapie près du palétuvier aux racines duquel était amarré le bateau dont il avait la garde.
Le phare à réflecteur de Salbris fouilla en vain la rive. Que discerner dans le fouillis de lianes et de broussailles qui foisonnaient dans le sous-bois ? Roland se décida alors à prendre terre, pour explorer la place signalée et reconnaître si des traces étaient empreintes dans le sol détrempé par la pluie torrentielle qui avait accompagné la tempête. Gilles Troussequin s’offrit à l’accompagner. Ils s’adjoignirent deux hommes qui conduiraient et gar-