Sur l’interrogation muette de Roland, O-Taï-Binh déclara :
« Mon frère et moi sommes élèves de la mission catholique française. Nous avons choisi vos auxiliaires parmi nos condisciples, qui, par vos prêtres, ont appris à aimer la France. En dehors d’eux, nous n’aurions pu trouver de cœurs prêts au sacrifice pour une cause étrangère. »
Hervé et Roland se regardèrent avec une émotion virile dans les yeux. Désormais ils étaient sûrs du dévouement de leurs hommes.
Ah ! nos missionnaires ! Combien sublimement ils se vengeaient en propageant l’amour de cette France où leur foi était persécutée !
Déjà s’éloignait la tornade, portant plus loin ses ravages. Mais le jour était trop avancé pour atteindre Siun-Tchéou-Fou avant la nuit close et pouvoir se ravitailler le soir même. De plus, le fleuve charriait mille épaves dangereuses pour la navigation. Il fut donc décidé de ne se remettre en route que vers le milieu de la nuit, après minuit, heure à laquelle se lèverait la lune, dont la clarté permettrait aux bateaux d’éviter le heurt des troncs d’arbres entraînés dans le cours du Si-Kiang. Le principal était d’atteindre la ville au début du jour, et d’opérer rapidement le réapprovisionnement avant que la curiosité publique ne fût attirée du côté des sampans. Les Européens resteraient à bord et ne se montreraient qu’en cas de nécessité absolue. Encore