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rales et en volutes, comme les tourbillons jaunâtres de la fumée qui couronne les cratères à l’éruption imminente. Ils se déplaçaient rapides, en mouvements giratoires, qui gagnaient le zénith et menaçaient d’emplir l’horizon.

« Tornade ! » murmura Laï-Tou.

Salbris, d’un coup d’œil rapide, inspecta les rives, à la recherche d’un abri. Elles se découpaient, abruptes, bordées de roches dangereuses, sur lesquelles les embarcations se broieraient comme des coquilles sèches. Une angoisse lui étreignit le cœur. Soudain, au revers d’un promontoire qu’ils doublaient, se creusa l’estuaire d’un petit affluent qui débouchait d’une étroite vallée enfoncée sous une forêt profonde. Là peut-être était le salut. Déjà les premières rafales écrêtaient les eaux de petites vagues courtes frangées d’écume. Sur l’ordre de Salbris, les sampans forcèrent de vitesse vers l’abri entrevu. Le virage fut pénible, et les deux embarcations crurent chavirer ; elles en furent quittes pour embarquer un peu ; mais un des canots de remorque, son amarre brisée, fut emporté à la dérive.

Enfin elles atteignirent l’étroit goulet et le trouvèrent heureusement assez profond pour s’enfoncer à quelque distance entre les épais rideaux des arbres. La tornade déjà tordait leurs cimes et jonchait le sol des débris arrachés. Les troncs eux-mêmes vacillaient sous l’effort de la tourmente. La chute d’un de ces géants eût suffi pour broyer les embarcations, mais c’était un risque à