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parvint, sans trop de peine, à remettre à flot son co-équipier. Les rapides rencontrés jusqu’alors furent remontés, tant par le halage des équipages débarqués, que par la poussée des hélices. Tout allait bien.

Mais on atteindrait bientôt Siun-Tchéou-Fou, et, là, l’expédition abandonnerait le Si-Kiang pour remonter le You-Kiang, son affluent. Sur cette rivière, moins large et plus torrentueuse, les difficultés se multiplieraient en nombre et en grandeur, sans cependant être insurmontables pour les moyens dont on disposait.

À Siun-Tchéou-Fou, il serait nécessaire de se ravitailler en pétrole, et ceci pour tout le reste de la traversée, en comprenant la réserve destinée ultérieurement à l’aéroplane. Il fallait compter sur une consommation supérieure à celle de la première partie du voyage, vu la dépense des moteurs, lors des déséchouages et de la remontée des rapides, qui seraient, sans doute, plus fréquents et plus ardus à surmonter.

Le lendemain Siun-Tchéou-Fou serait donc atteint, et la moitié de la traversée effectuée. À mesure qu’il se rapprochait du but, Salbris sentait croître sa fièvre d’impatience. Il arpentait donc, ce jour-là, le pont d’un pas nerveux, quand il surprit une inquiétude sur le front de Laï-Tou.

« Qu’y a-t-il, mon ami ? » interrogea-t-il.

Le Chinois leva le doigt vers l’orient violâtre et un ciel plombé, pommelé de nuées livides, tordues en spi-