Le grand jour était venu, quand la caravane fluviale approcha de Chao-King-Fou. Les hommes d’équipage s’attelèrent aux avirons, et les sampans traversèrent la ville en honnêtes embarcations indigènes, sans laisser soupçonner leurs moyens mécaniques de propulsion, momentanément endormis. Salbris tenait à ce que son passage ne pût être remarqué et fût pris pour celui de simples barques marchandes. Les hélices seraient remises en marche seulement hors des vues indiscrètes. Pour la même raison, Le Penven, Troussequin et lui se tinrent enfermés dans l’intérieur et profitèrent de cette réunion pour prendre un repas auquel leurs estomacs creusés par les émotions de la nuit firent largement honneur.
Les journées suivantes se passèrent sans grand encombre. Par deux fois, le sampan de tête échoua sur des bancs de vase ; mais la remorque de l’autre bateau