résister au courant qui assaillait le sampan par le travers. Heureusement que la langue de terre, comme une digue, brisait déjà au-dessus d’eux la force des eaux.
Quelques brasses seulement séparaient les deux embarcations. Hervé leva la main. Pi-Tou-Laï ouvrit tout large le régulateur, et le lourd bateau s’ébranla d’un bond, juste à temps pour heurter de sa masse le frêle obstacle qui se trouva devant lui.
Un cri de rage et d’effroi perça la nuit, tandis que le canot, coupé en deux, s’abîmait dans les eaux. Une déflagration violente souleva une gerbe d’eau : le moteur avait sauté…
Réveillés par le choc de l’abordage, Roland et Gilles s’étaient brusquement levés. Au bruit de l’explosion, ils se précipitèrent sur le pont.
Sans perdre son sang-froid, Salbris avait pris au passage son projecteur à acétylène. Quand il arriva près d’Hervé, la rivière s’était refermée sur le sinistre, et seul le remous des eaux trahissait encore l’engloutissement. Le projecteur allumé fouilla la surface du fleuve. Quelques débris flottants apparurent. Soudain Troussequin allongea le bras.
« Là, dit-il, ça bouge !… C’est notre homme ! »
Attentivement, les deux jeunes gens tendaient leurs regards dans la direction indiquée par le geste. Vaguement ils crurent distinguer, à leur tour, une forme qui s’éloignait. Était-ce un homme ou une épave ? ils ne