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fête. Depuis long-temps consumée par un mal impitoyable, elle mourait en ce moment. Dieu, qui a sa raison sans doute pour donner et retirer si soudainement au monde la vue rapide de ses anges, la redemandait.

De retour au palais, une fièvre ardente l’avait saisie, et, tandis que le peuple, si oublieux, s’animait dans ses fêtes, que ces luttes de flammes éclataient au soir entre la terre et les cieux, que la grande ville manifestait ses joies et la gloire du maître du monde, il y avait dans une alcôve des Tuileries des douleurs sans nom, des pleurs sans fin, une agonie sans espoir.

Horrible nuit qui suivit ce jour !… Le consacré de Dieu, le monarque universel, expiait ses jouissances sublimes au chevet de sa pauvre fille ; il soulevait dans ses bras sa tête pâle et faible ; il la couvrait de pleurs qu’il ne pouvait retenir, et épiait avec angoisse la succession de ses soupirs, comme s’il eût tremblé d’en sentir exhaler le dernier.

Et elle commandait à sa douleur ; maîtresse de son agonie, elle l’épargnait à Napoléon ; elle tenait ses yeux sur lui, et tout le ciel était dans ses regards ; elle lui parlait, et tout le ciel était dans ses paroles. Elle le consolait de sa mort, elle parlait de Dieu, elle parlait de l’empereur