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vaincue par Alexandre, berceau d’un dieu qu’elle tue et maudit, détruite comme ville, anéantie comme empire, et se répandant sur la surface du globe, pour y accumuler les richesses, y marcher à la tête du commerce du monde, et traîner partout cette loi fatale qui la disperse et la conserve.

Nation d’exilés, mais indestructible ; fidèle à la constitution divine de Moïse, de ce Moïse qui de ses mains puissantes les avait si merveilleusement pétris en nation qu’à défaut de sol ils étaient déjà peuple, qu’ils restent peuple depuis qu’ils l’ont perdu, que leur nationalité peut vivre sans patrie, et qu’ils ne cessent pas d’être juifs dans les terres étrangères.

Si Napoléon pensa quelques instants aux juifs, ce fut peut-être lorsqu’il contemplait cette constitution admirable, alors que lui-même songeait à repétrir et à reconstituer l’univers.

Comme conquête, il s’inquiétait peu de ce caractère d’étranger que les juifs tenaient à conserver au milieu des nations qui les laissaient naître et mourir. Il lui suffisait que ces nations fussent vaincues, et les juifs subissaient avec elles la loi commune.

Cependant, l’empereur ressentit une vive satisfaction lorsqu’il sut que les chefs religieux de