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dégoût, avait laissé l’un et l’autre, et s’était retiré à la Jamaïque où il vivait inconnu et tranquille.

Alors la Colombie, comme le Brésil, le Mexique, le Pérou, le Paraguay où venait de mourir le mystérieux docteur Francia, le Chili et le reste des possessions espagnoles, retomba dans un abîme d’anarchie, de misère et de guerres civiles, et toutes ces nations s’en allaient en lambeaux à la mort, comme des corps que la fièvre et la gangrène tuent.

Au nord, les États-Unis ne présentaient pas un spectacle moins déplorable ; si énergique, si forte dans sa fédération, lorsqu’il s’agissait de vaincre un ennemi commun, cette nation dans la paix et le repos avait senti l’égoïsme s’insinuer au milieu des intérêts divers, disjoindre et corroder les parties de cet ensemble si puissant. Des lois de finance et de commerce sollicitées par les états du nord et repoussées par les provinces du midi commencèrent cette lutte des intérêts, lutte bientôt irritée, changée en haine furieuse et en guerres d’autant plus horribles que les ennemis étaient des frères, et que l’intérêt en était la cause. Le congrès américain se divisa ; deux ou trois fédérations nouvelles avaient tenté de s’établir, divers sièges du gou-