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aujourd’hui découronnée et esclave, il la prit en pitié, et fut ému de sa misère ; il se rappela comme un remords que c’était lui qui, à la fin du siècle dernier, étant général, avait terminé la longue existence de cette noble république, et tué d’un seul coup son commerce, sa puissance et sa vie. Il exprima hautement sa pensée de lui restituer sa grandeur, et comme sa compassion allait toujours de front avec sa politique, il voulut, en restituant à cette ville des mers quelques-uns de ses anciens privilèges, lui rappeler le commerce de la Méditerranée, et refonder sur ce point un des ports les plus importants de la monarchie française.

De Venise il alla à Constantinople.

C’était un spectacle à confondre la pensée que celui de cette capitale, depuis que les Turcs, emmenant avec eux leur culte et leurs usages, l’avaient abandonnée. C’était alors une ville chrétienne. Sainte-Sophie était redevenue la cathédrale ; il y avait un préfet de Constantinople, quatre maires et des administrateurs comme dans le reste de l’Europe ; un grand nombre de familles françaises y avaient établi leur résidence, et déjà la langue française y était devenue la langue usuelle. On ne pouvait sans surprise songer à ce qu’était cette ville douze années au-