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— « Depuis le 5 nivôse an VI, répondit l’étranger.

— « Et dans quelle section, s’il vous plaît ? reprit M. Ampère avec une certaine ironie.

— « Dans la section de mécanique, mon savant collègue, répondit en souriant l’étranger.

— « Cela est un peu fort, » ajouta M. Ampère, et prenant un Annuaire de l’Institut qui se trouvait là, il l’ouvrit avec vivacité, et y lut à cette date le nom de Napoléon Bonaparte, membre de l’académie des sciences, nommé dans la section de mécanique, le 5 nivôse an VI.

C’était l’empereur qui venait de la hauteur de son rang courber sa tête sous le niveau de la science.

M. Ampère, fort troublé, se confondait en excuses ; il avait une vue fort affaiblie, il ne reconnaissait pas l’empereur…

— « Voilà l’inconvénient, monsieur, lui dit le souverain, qu’il y a à ne pas connaître ses collègues ; je ne vous vois jamais aux Tuileries : nous vous forcerons bien d’y venir. »

Ces paroles, dites avec une extrême bienveillance, rassurèrent l’illustre géomètre, et ayant trouvé un autre fauteuil vide, il alla s’y asseoir sans autre réclamation.