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dans la mer Rouge. Ainsi détourné, le fleuve, depuis Thèbes jusqu’à la Méditerranée, abandonna son vieux lit desséché et pestilentiel ; bientôt les vents de l’ouest y amenèrent leurs tourbillons de sable, et rétablirent dans ces plaines, qui depuis la création leur étaient arrachées, le droit du désert et de la mort ; il n’y eut plus de vie et de fleurs dans ces contrées naguère si florissantes, et devenues désolées et brûlantes. Et tandis qu’une nouvelle Égypte se créait sur les nouveaux bords du grand fleuve depuis Thèbes jusqu’à la mer Rouge, l’ancienne, disparaissait de plus en plus, s’abîmant dans des flots de sable et de stérilité sous lesquels au bout de quelques années elle fut entièrement engloutie.

Après quoi Napoléon fit couper l’isthme de Suez ; il rappela ces nations d’ouvriers qu’il avait employées à la découverte de Babylone, et sous une pareille force ces travaux immenses furent bientôt achevés. En 1825 le détroit de Suez avait remplacé l’isthme de Suez ; sa largeur était considérable, Napoléon ayant voulu creuser une mer et non un canal avec ses écluses comme on le lui conseillait : en vain lui disait-on que les élévations des eaux des deux mers étaient inégales, il dit qu’il les aplanirait. Et en effet, lorsque les dernières barrières furent enlevées,