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Cette ivresse du crime eut un prompt réveil. La nouvelle de la mort de l’empereur était fausse ; Napoléon lui-même était avec un corps d’armée plus près de Balkh que ces barbares ne l’avaient cru. Lorsqu’il eut connaissance de cet attentat, il arriva à marches forcées sur la ville, il la fit cerner par ses troupes et refusa d’y entrer. En vain des députations arrivaient à lui, versant des larmes et couvertes d’habits de deuil ; en vain les vieillards venaient-ils se jeter à ses pieds, demandant grâce pour leur ville, que la tradition nommait la plus ancienne du monde. — « Son temps est donc fini ! » s’écriait l’empereur ; et il livrait aux supplices quelques-uns de ces députés, et après avoir fait mutiler les autres, il les renvoyait avec les corps des suppliciés pour apprendre à cette ville qu’il n’y avait ni espoir ni pardon.

La colère de Napoléon n’éclata pas avec violence ; c’était la furie de la vengeance concentrée. On lui avait assassiné lâchement ses braves soldats et son ami Rapp, et il n’hésitait que devant le choix du plus terrible châtiment.

Et quand il l’eut arrêté dans sa pensée, il ordonna que les portes de la ville fussent murées, afin qu’aucun habitant ne pût s’en échapper ;