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il ne respecta pas même cette antique kâaba qu’on dit avoir été bâtie par Abraham. Il enleva de l’encadrement d’argent dans lequel elle était enchaînée depuis tant de siècles, la fameuse pierre noire, que Mahomet lui-même avait respectée, et que la tradition des Arabes, entre autres fables qu’elle lui rattachait, révérait comme tombée du ciel dès le temps d’Adam. Ce fut le seul trophée qu’il conserva au milieu de cette destruction, et il l’adressa au Musée impérial de Paris, où on le voit encore ; puis il fit à la fois mettre le feu et la mine à cette magnifique mosquée, qui s’écroula et disparut dans ce double incendie extérieur et souterrain.

Plus puissante et plus irritée que Médine, parce que cette destruction était pour elle un arrêt de mort, la ville de La Mecque opposa des soulèvements et une assez énergique résistance aux troupes françaises ; mais cette manifestation lui fut aussi plus fatale. L’incendie ne se borna pas au temple ; le roi d’Italie, pour la châtier, laissa les flammes s’étendre et se propager. Bientôt elles inondèrent de tous côtés cette ville qui, après avoir donné la vie à Mahomet, semblait alors rendre son dernier soupir.

Durant un mois, les flammes, qui n’éprouvaient plus d’obstacle, formèrent comme un